samedi 4 mai 2024

𝗟𝗲 𝗽𝗵é𝗻𝗼𝗺è𝗻𝗲 𝗱𝗲 𝗹𝗮 𝘃𝗶𝗼𝗹𝗲𝗻𝗰𝗲 𝗽𝗲𝘂𝘁-𝗲𝗹𝗹𝗲 𝘁𝗼𝘂𝗷𝗼𝘂𝗿𝘀 𝗶𝗻𝘁𝗲𝗿𝗽𝗿é𝘁é𝗲 𝗰𝗼𝗺𝗺𝗲 é𝘁𝗮𝗻𝘁 𝘂𝗻 𝗰𝗿𝗶𝗺𝗲?

 


Ce texte aborde brièvement la notion de violence en deux volets : d’abord, comme système de régulation sociale, ensuite on verra les différentes connotations que peut prendre cette terminologie.

 

La violence étant un fait social. Il ne saurait exister de société sans violence, où elle serait considérée comme un fait inouï. Partout dans le monde, sur une forme ou sur une autre, on rencontre ce phénomène. Il est tout à fait évident, puisque les individus qui composent la société sont animés de désirs différents et n’ont pas la même appréhension de valeur. Le terme “violence” provient du latin violentia, signifie “abus de la force”, il nous renvoie également à violare qui veut dire “violer”, « agir contre ». (Ex. : « Violer une loi », « enfreindre le respect dû à une personne »). La violence est perçue également comme une forme de domination consciente ou inconsciente exercée à l’égard des autres, afin de parvenir à ses propres fins, elle peut prendre différentes formes: Violence meurtrière ; verbale ; psychologique ; symbolique et autres… Dans une vision anthropologique et sociologique, elle est le pivot de toutes les fonctions sociales, elle est à la base de tout fondement moral et institutionnel, elle sert même à renforcer les liens sociaux et à garder en état l’ordre social. S’il est vrai que la violence contient des importances d’ordre social, serait-il envisageable de bâtir une société tout simplement sur la violence? En quoi consisterait donc l’avenir d’une société fondée sur la violence?

 

En dépit de l’hypocrisie de l’Homme vis-à-vis de la violence, surtout celle qui est susceptible de donner la mort, une action immorale, on attribue une appellation dédaigneuse à cela, le cannibalisme. Mais qui reprend sa normalité quand ça frappe à la vie des autres espèces vivantes. Il n’y a aucune sorte d’immoralité quand une personne décide de tuer son bœuf pour les vacances estivales ou de faire couper certains arbres de son quartier pour éviter les vibrations fétiches ou pour construire une maison. À fortiori, par nécessité, la violence comme fait social, peut être justifiée. D’une vision anthropocentrique, nous serons contraints d’aborder la question de violence, en premier lieu, comme système pouvant harmoniser les relations entre l’humain et son environnement social et en second lieu d’analyser cette terminologie de façon empirique.

 

A.- La violence est le fondement des relations humaines:

Pour René Girard, en revanche, la violence chez l’homme n’est pas instinctive, mais intersubjective et sociale: Toute société s’instaure sur la base d’une « violence fondatrice », qui supplante toutes les autres violences, effectives ou latentes. Voyons comment que la société aurait pris naissance au sein d’un système basé sur la violence (I) et analysons son évolution en temps moderne(II)

 

I.- La société en elle-même est l’œuvre d’une violence bien organisée :

Toute communauté humaine requiert un ensemble de principes, auxquels tous ses sujets devraient être soumis. Pour favoriser son application, ce groupement exerce une forme de violence sans contrainte sur les individus et qui tend sur une durée indéterminée, c’est ce que Pierre Bourdieu appelle “Violence symbolique”. Cette forme de violence agit sur la psychologie profonde de l’individu qui serait considéré comme victime, à un tel point qu’il ne ressent même pas la pression exercée. Johan Galtung, grand théoricien de la paix, a fait savoir que la violence présente généralement deux formes: violence interpersonnelle et structurelle. La seconde, c’est la manifestation d’un ensemble de phénomènes liés à la conviction sociale, la façon dont la société est charpentée, qui implique la distribution des richesses, l’inégalité du genre, l’exercice du pouvoir, etc… Cette violence n’est pas l’œuvre d’un groupe car c’est la société qui l’a instaurée. C’est ce qui a été démontré par l’expérience sociale menée par le psychologue Stanley Milgram entre 1960 et 1963, qui avait pour but d'observer si un sujet est capable d'obéir à des ordres contraires à sa morale. Elle renforce l’idée selon laquelle les relations humaines sont dominées par la violence, et précise qu’elles sont verticalement établies, par exemple : au travail ; à la maison ; à l’église.

 

II.- L’homme devient plus violent en temps moderne:

Contrairement à certains philosophes des Lumières, analyser l’innocence de l’homme à l’état de nature en temps moderne serait un travail de Sisyphe, si bien que nous nous sommes déjà versés dans un état dit social, depuis un temps très lointain. On ne peut que réfléchir sur comment rendre l’être humain plus sociable afin de remédier aux problèmes relatifs au processus de socialisation. Néanmoins, la faculté chez l’homme à détruire devient beaucoup plus intense, à cause des désirs excessifs provoqués par la modernité. Le philosophe René Girard parle du désir mimétique, qui est l’une des causes de la violence dans la communauté humaine. Ce désir qui fait de l’individu, un être qui imite ses semblables, et subit de leur influence, comme envie de posséder une belle maison, une jolie voiture, d’être honoré à la place d’un autre. Ce désir de ressemblance fait de la personne, un homme ou une femme potentiellement violent(e), s’il ne trouvera aucune possibilité à le combler.

D’ailleurs, dans un monde où on accorde tant d’importance aux choses matérielles, où l’on fait le culte du paraître que de l’être, la violence provoquée par l’envie de satisfaire ses désirs est un fait indispensable à la culture humaine. De plus, elle ne consiste pas à contraindre seulement l’autre, ça résulte également du fait qu’on soit capable de construire une mauvaise idée sur une personne et d’agir en conséquence. Or, cette idée peut provoquer la personne à exercer une violence sur elle-même, voire sur ses proches. On ne peut compter combien de cas de suicides enregistrés suite à un mauvais comportement, un jugement haineux fait à l’égard de quelqu’un. Il n’y aurait que des chiffres approximatifs pour déduire le nombre de cas de violences meurtrières faites dans le monde, en raison d’un mensonge.

 

B.- La violence c’est ce qui est interdit par la morale et la loi:

La loi et la morale constituent les deux ordres fondamentaux qui guident la vie en société. Pour bien agir, nous sommes obligés de nous référer à la volonté de ces deux notions. Tandis que, l’ignorance de ces deux ordres constitue tout carrément de la violence. Il y a alors, la violence morale(I) et la violence faite à l’égard de la loi(II)

 

I.- La violence est ce qui est interdit par la morale.

L’homme est un animal politique, disait Aristote. C’est-à-dire qu’il est condamné à vivre en groupe et, par lequel lui est imposé un ensemble de règles non écrites qui constituent la morale. Chaque nation fait un classement de ce qui devrait être considéré comme bien ou mal. Ce qui peut être perçu comme bien dans une société, a tendance à être une négation dans une autre communauté, et ça arrive parfois dans deux régions de même culture. On se souvient du phénomène de tâtonnement chez les adolescentes dans certaines provinces en Haïti, cette pratique qui consistait à vérifier si les filles n’ont pas encore eu de rapport sexuel, en vue de les protéger contre les grossesses prématurées, tandis que dans d’autres villes, surtout dans la capitale, ce phénomène n’est pas vu de bon œil, on le considère comme une violence faite à l’égard des filles afin de les empêcher de se disposer de leur propre corps. À présent, cette pratique tant analysée dans les médias haïtiens et discutée dans certains espaces de réflexion, est graduellement banni puisqu’elle fait objet d’une violence qui est scrupuleusement interdite par la morale, qui revêt d’être un indicateur chez les individus. Si l’on mange du bœuf sans inquiétude dans de nombreux pays dans le monde, en Inde, par exemple, cet animal est qualifié de sacré.

 

II.- La violence est ce qui est condamné par la loi.

Ubi societas, ibis jus: Là il y a de société, il y a le droit, dit cette maxime juridique. La loi est la boussole de toute société dite morale, et devant guider les actions des dirigeants comme les dirigés. Ce corps de règles, la loi, devrait encadrer les valeurs morales existant déjà dans la société. Elle doit également présager certains principes qui condamnent des actes contraires à ses prescriptions. Cette abnégation constitue une violence contre la volonté populaire. Lorsqu’il y a une loi qui interdit l’avortement, peu importe l’ampleur des contradictions que ça peut entraîner du côté des acteurs civils, c’est le peuple qui l’interdit, car la loi revêt d’être l’expression de la volonté générale. C’est ainsi que, si la loi reste silencieuse sur certains faits décrits comme violence, cette notion prend en ce sens une posture subjective, donc il ne peut faire l'objet d’aucune sanction comme se veut le dicton: « Nullum crimen, nulla poena sine lege » (pas de crime, pas de peine sans loi). Les citoyens cybernétiques peuvent continuer à être arnaqués sur l’internet si le parlement refuse toujours de statuer sur ces cas. L’image de n'importe qui peut tourner en dérision, blasphémer sur le net. Pourtant, aucune violence n’est faite si aucune loi n’incrimine ce comportement. Ainsi, toute personne est libre et est en droit d’agir là où la loi reste muette.

 

En guise de conclusion, analyser le phénomène de la violence nous invite à canaliser les mauvais comportements des individus en vue de créer une société stable, qui devrait être avantageuse à tous. Réfléchir sur ce terme c’est d’envisager également une quête de bonheur collectif, tout en essayant de comprendre les enjeux qui en découlent.

 

 

 

 

 

JEAN FADENS CHERON

Staff COM-BDN

ÉTUDIANT / LECTEUR

TÉLÉPHONE: 3464-8852

E-MAIL: jeanfadenscheron11@gmail.com

 

 

VOIR :

 

  1. Dictionnaire de « La philosophie de A à Z, HATIER, Elisabeth Clément, Chantal Demonque, Laurence Hansen-Løve, Pierre Kahn »

 

  1. L’expérience de Stanley Milgram: https://youtu.be/6wjWS-91KeA?si=OU_fMcGznoloLZKR

 

  1. Quel est le rôle de la violence dans la culture humaine, René Girard: https://youtu.be/U9G_IdEdMvc?si=Qrx0ebl9obL4BA6v

 

  1. Entre théorie de la paix et continuum de la violence. Réflexion autour du concept de la violence structurelle, Catherine Flynn, Dominique Damant, Jeanne Bernard et Geneviève Lessard.







Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Le Club de débat de Bourdon s’interroge sur l’influence des “détenteurs de micro”

  Le Club de débat de Bourdon a tenu, le samedi 4 octobre 2025, une nouvelle séance riche en échanges et en réflexions, à la Fondation Toya,...