Ce
texte aborde brièvement la notion de violence en deux volets : d’abord, comme
système de régulation sociale, ensuite on verra les différentes connotations
que peut prendre cette terminologie.
La violence étant un fait social. Il ne saurait exister de
société sans violence, où elle serait considérée comme un fait inouï. Partout
dans le monde, sur une forme ou sur une autre, on rencontre ce phénomène. Il
est tout à fait évident, puisque les individus qui composent la société sont
animés de désirs différents et n’ont pas la même appréhension de valeur. Le
terme “violence” provient du latin violentia,
signifie “abus de la force”, il nous renvoie également à violare qui veut dire “violer”, « agir contre ». (Ex. : « Violer
une loi », « enfreindre le respect dû à une personne »). La violence est perçue
également comme une forme de domination consciente ou inconsciente exercée à
l’égard des autres, afin de parvenir à ses propres fins, elle peut prendre
différentes formes: Violence meurtrière ; verbale ; psychologique ; symbolique
et autres… Dans une vision anthropologique et sociologique, elle est le pivot
de toutes les fonctions sociales, elle est à la base de tout fondement moral et
institutionnel, elle sert même à renforcer les liens sociaux et à garder en
état l’ordre social. S’il est vrai que la violence contient des importances
d’ordre social, serait-il envisageable de bâtir une société tout simplement sur
la violence? En quoi consisterait donc l’avenir d’une société fondée sur la
violence?
En dépit de l’hypocrisie de l’Homme vis-à-vis de la
violence, surtout celle qui est susceptible de donner la mort, une action immorale, on attribue une appellation
dédaigneuse à cela, le cannibalisme. Mais qui reprend sa normalité quand ça
frappe à la vie des autres espèces vivantes. Il n’y a aucune sorte d’immoralité
quand une personne décide de tuer son bœuf pour les vacances estivales ou de
faire couper certains arbres de son quartier pour éviter les vibrations
fétiches ou pour construire une maison. À fortiori, par nécessité, la violence
comme fait social, peut être justifiée. D’une vision anthropocentrique, nous
serons contraints d’aborder la
question de violence, en premier lieu, comme système pouvant harmoniser les
relations entre l’humain et son environnement social et en second lieu d’analyser cette terminologie de
façon empirique.
A.- La violence est
le fondement des relations humaines:
Pour René Girard, en revanche, la violence chez l’homme n’est pas instinctive, mais intersubjective et
sociale: Toute société s’instaure sur la base d’une « violence fondatrice
», qui supplante toutes les autres violences, effectives ou latentes. Voyons
comment que la société aurait pris naissance au sein d’un système basé sur la
violence (I) et analysons son évolution en temps moderne(II)
I.- La société en
elle-même est l’œuvre d’une violence bien organisée :
Toute
communauté humaine requiert un ensemble de principes, auxquels tous ses sujets
devraient être soumis. Pour favoriser son application, ce groupement exerce une
forme de violence sans contrainte sur les individus et qui tend sur une durée
indéterminée, c’est ce que Pierre Bourdieu appelle “Violence symbolique”. Cette forme de violence agit sur la
psychologie profonde de l’individu qui serait considéré comme victime, à un tel
point qu’il ne ressent même pas la pression exercée. Johan Galtung, grand théoricien
de la paix, a fait savoir que la violence
présente généralement deux formes: violence interpersonnelle et structurelle.
La seconde, c’est la manifestation d’un ensemble de phénomènes liés à la
conviction sociale, la façon dont la société est charpentée, qui implique la
distribution des richesses, l’inégalité du genre, l’exercice du pouvoir, etc…
Cette violence n’est pas l’œuvre d’un groupe car c’est la société qui l’a
instaurée. C’est ce qui a été démontré par l’expérience sociale menée par le
psychologue Stanley Milgram entre 1960 et 1963, qui avait pour but d'observer
si un sujet est capable d'obéir à des ordres contraires à sa morale. Elle
renforce l’idée selon laquelle les relations humaines sont dominées par la
violence, et précise qu’elles sont verticalement établies, par exemple : au
travail ; à la maison ; à l’église.
II.- L’homme
devient plus violent en temps moderne:
Contrairement à certains philosophes des Lumières, analyser
l’innocence de l’homme à l’état de nature en temps moderne serait un travail de
Sisyphe, si bien que nous nous sommes déjà versés dans un état dit social,
depuis un temps très lointain. On ne peut que réfléchir sur comment rendre
l’être humain plus sociable afin de remédier aux problèmes relatifs au
processus de socialisation. Néanmoins, la faculté chez l’homme à détruire
devient beaucoup plus intense, à cause des désirs excessifs provoqués par la
modernité. Le philosophe René Girard parle du
désir mimétique, qui est l’une des causes de la violence dans la communauté
humaine. Ce désir qui fait de l’individu, un être qui imite ses semblables,
et subit de leur influence, comme envie de posséder une belle maison, une jolie
voiture, d’être honoré à la place d’un autre. Ce désir de ressemblance fait de
la personne, un homme ou une femme potentiellement violent(e), s’il ne trouvera
aucune possibilité à le combler.
D’ailleurs, dans un monde où on accorde tant d’importance
aux choses matérielles, où l’on fait le culte du paraître que de l’être, la
violence provoquée par l’envie de satisfaire ses désirs est un fait
indispensable à la culture humaine. De plus, elle ne consiste pas à contraindre
seulement l’autre, ça résulte également du fait qu’on soit capable de
construire une mauvaise idée sur une personne et d’agir en conséquence. Or,
cette idée peut provoquer la personne à exercer une violence sur elle-même,
voire sur ses proches. On ne peut compter combien de cas de suicides
enregistrés suite à un mauvais comportement, un jugement haineux fait à l’égard
de quelqu’un. Il n’y aurait que des chiffres approximatifs pour déduire le
nombre de cas de violences meurtrières faites dans le monde, en raison d’un
mensonge.
B.- La violence c’est
ce qui est interdit par la morale et la loi:
La loi et la morale constituent les deux ordres fondamentaux
qui guident la vie en société. Pour bien agir, nous sommes obligés de nous
référer à la volonté de ces deux notions. Tandis que, l’ignorance de ces deux
ordres constitue tout carrément de la violence. Il y a alors, la violence
morale(I) et la violence faite à l’égard de la loi(II)
I.- La violence est
ce qui est interdit par la morale.
L’homme est un animal politique, disait Aristote.
C’est-à-dire qu’il est condamné à vivre en groupe et, par lequel lui est imposé
un ensemble de règles non écrites qui constituent la morale. Chaque nation fait
un classement de ce qui devrait être considéré comme bien ou mal. Ce qui peut
être perçu comme bien dans une société, a tendance à être une négation dans une
autre communauté, et ça arrive parfois dans deux régions de même culture. On se
souvient du phénomène de tâtonnement chez les adolescentes dans certaines
provinces en Haïti, cette pratique qui consistait à vérifier si les filles
n’ont pas encore eu de rapport sexuel, en vue de les protéger contre les
grossesses prématurées, tandis que dans d’autres villes, surtout dans la
capitale, ce phénomène n’est pas vu de bon œil, on le considère comme une
violence faite à l’égard des filles afin de les empêcher de se disposer de leur
propre corps. À présent, cette pratique tant analysée dans les médias haïtiens
et discutée dans certains espaces de réflexion, est graduellement banni
puisqu’elle fait objet d’une violence qui est scrupuleusement interdite par la
morale, qui revêt d’être un indicateur chez les individus. Si l’on mange du
bœuf sans inquiétude dans de nombreux pays dans le monde, en Inde, par exemple,
cet animal est qualifié de sacré.
II.- La violence
est ce qui est condamné par la loi.
Ubi
societas, ibis jus: Là il y a
de société, il y a le droit, dit cette maxime juridique. La loi est la boussole
de toute société dite morale, et devant guider les actions des dirigeants comme
les dirigés. Ce corps de règles, la loi, devrait encadrer les valeurs morales
existant déjà dans la société. Elle doit également présager certains principes
qui condamnent des actes contraires à ses
prescriptions. Cette abnégation constitue une violence contre la volonté
populaire. Lorsqu’il y a une loi qui interdit l’avortement, peu importe
l’ampleur des contradictions que ça peut entraîner du côté des acteurs civils, c’est le peuple qui l’interdit, car la
loi revêt d’être l’expression de la volonté générale. C’est ainsi que, si la
loi reste silencieuse sur certains faits décrits comme violence, cette notion
prend en ce sens une posture subjective, donc il ne peut faire l'objet d’aucune
sanction comme se veut le dicton: «
Nullum crimen, nulla poena sine lege » (pas de crime, pas de peine sans
loi). Les citoyens cybernétiques peuvent continuer à être arnaqués sur
l’internet si le parlement refuse toujours de statuer sur ces cas. L’image de
n'importe qui peut tourner en dérision, blasphémer sur le net. Pourtant, aucune
violence n’est faite si aucune loi n’incrimine ce comportement. Ainsi, toute
personne est libre et est en droit d’agir là où la loi reste muette.
En guise de conclusion, analyser le phénomène de la violence
nous invite à canaliser les mauvais comportements des individus en vue de créer
une société stable, qui devrait être avantageuse à tous. Réfléchir sur ce terme
c’est d’envisager également une quête de bonheur collectif, tout en essayant de
comprendre les enjeux qui en découlent.
JEAN FADENS CHERON
Staff COM-BDN
ÉTUDIANT / LECTEUR
TÉLÉPHONE:
3464-8852
E-MAIL:
jeanfadenscheron11@gmail.com
VOIR :
- Dictionnaire
de « La philosophie de A à Z, HATIER, Elisabeth Clément, Chantal Demonque,
Laurence Hansen-Løve, Pierre Kahn »
- L’expérience de Stanley
Milgram: https://youtu.be/6wjWS-91KeA?si=OU_fMcGznoloLZKR
- Quel est le rôle de la violence
dans la culture humaine, René Girard:
https://youtu.be/U9G_IdEdMvc?si=Qrx0ebl9obL4BA6v
- Entre théorie de la paix et
continuum de la violence. Réflexion autour du concept de la violence
structurelle, Catherine Flynn,
Dominique Damant, Jeanne Bernard et Geneviève Lessard.
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