La jeunesse est-elle vraiment
l'avenir d'une communauté ? Voici une interrogation à laquelle une réponse
évidente est loin d'être trouvée de par la difficulté rencontrée dans le
saisissement de la notion <<jeunesse>>
dont la nature est si complexe ; une interrogation couverte par la
poussière séculaire des plus abondantes réflexions la concernant. Alors, afin
de s'y prendre, la jeunesse, selon une conception commune incontestablement
acceptée par tous, est une tranche de la vie se trouvant dans l’intervalle de
l'enfance et de l’âge adulte, plus précisément entre 10 et 24 ans selon
l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Au-delà de cette première
conception, une seconde, parmi tant d’autres existantes, amène à considérer la
jeunesse comme une organisation sociale des âges de la vie, un processus de
construction longue qui vient en partie se superposer à celui des adultes. Laquelle plus extensible et
épousée par la réalité politique, économique et sociale. Ce tour d'horizon, base de l’édifice de
notre réflexion, s’imposera en fil directeur pour exposer les méandres de l’actuelle jeunesse
haïtienne, structurer la place qu’elle devrait occuper dans la construction d'un avenir radieux
pour Haïti, par la suite.
La jeunesse est partout considérée comme porteuse de
changement positif. Ce changement qui, depuis des siècles, attisent les
convoitises de chaque citoyen s'attarde à se matérialiser. Étant l'incarnation de la vitalité, de
la vigueur et de la force, ces qualificatifs poussent à déverser une totale et infaillible confiance
dans les jeunes. Toutefois, cette confiance n'est pas innocente. Elle fait reposer sur leurs épaules la
responsabilité d'assurer un avenir décisif pour leur communauté. Les
jeunes ont la capacité d'apporter le changement dans une communauté, dans un
pays et de faire de
l’illusion une réalité. C'est dans ce
même spectre d’idées que Barack Obama, dans un discours, a fait la prééminence de la
jeunesse comme étant les maîtres de demain. L'objection à une telle position risquerait de souiller le
sublime blason qui ceint l'âge doré de la jeunesse. Vu les conditions dans lesquelles patauge
l'existence de la jeunesse haïtienne de nos jours, les incertitudes prolifèrent quant à l'assurance
d'un avenir prometteur pour la nation haïtienne.
Il est inévitable plus que jamais que l'avenir
d'Haïti bourgeonne dans les profondeurs d'un abîme dévastateur selon la pensée de
plus d’uns et que, faire naître la confiance en cette jeunesse présente est le défi impossible auquel est
prédisposé chaque esprit conscient. Ces incertitudes florissantes se dégagent d’une dévalorisation
accrue de l'éducation aux yeux des jeunes en Haïti. Cette jeunesse, au contraire, s’adonne
corps et âme à des expériences futiles qui la rendent inconsciente du devoir à accomplir. L’avenir
d'un pays dépend grandement de l’orientation que se donne la jeunesse en raison de sa capacité
de production et d’être détentrice des visions efficaces pour son pays. Les jeunes ont marqué les
siècles par différentes réalisations telles que l'invention de Facebook en 2004 par Mark
Zuckerberg âgé de 20 ans, l'invention de la machine à vapeur en 1769 par l'Écossais James Watt âgé de
33 ans, etc. Cependant, on reproche à celle d'Haïti son infertilité quant à la réalisation de tels
succès. Les jeunes sont noyés dans la débauche orchestrée par la consommation des substances
narcotiques comme le cannabis (bòz), de la chicha, et un ensemble d’activités malsaines, parfois
horriblement réalisées dans l'enceinte des écoles et des universités, qui les dépouillent de leur
humanité. Au lieu d'embrasser la danse de la connaissance, ils préfèrent
embrasser celle de
l’ignorance. Certes la dépravation de la jeunesse tient en majeur partie dans
la complexité de ses
mauvaises manières. Toutefois la responsabilité de l'État dans cette désorientation doit être hissée au
mât de sa capacité à engendrer aisément son échec. La preuve de celui-ci se manifeste dans la
faiblesse d'un système éducatif qui ne porte pas en elle-même les écailles d'une éducation citoyenne
solide, ce qui d’ailleurs prédispose la jeunesse à la criminalité et à la beuverie. L'avenir de la
jeunesse est malheureusement en ce sens hypothéqué par l’État et celui-ci l'a abandonnée au beau
milieu d'un désert encore inconnu.
La société haïtienne est majoritairement composée de
jeunes, plus de 31% (entre 15 et 24 ans) selon les statistiques de l'IHSI
et représentent largement plus de 60% (entre 15 et 64 ans) de la population haïtienne selon
l’article <<la jeunesse haïtienne
constitue une bombe démographique>>, Journal
d'Haïti et des Amériques, publié sur le site rfi.fr le 21 décembre 2022.
En raison de ce chiffre, l'avenir de notre société
devrait être garanti. Au contraire, l’incapacité pour les jeunes de se transformer en
valeur vieillit l’espoir naissant qui s'affiche à peine à l'horizon. En outre, au lieu de se vêtir de
l'armure d’une vraie sentinelle tenant la main d’Haïti pour le guider dans
le droit chemin, la jeunesse
se laisse chevaucher par des désirs pernicieux accouchés par la vénération excessive des fredaines
qui les captivent.
De la sorte, la
jeunesse n'est pas une période de la vie, elle est un état d’esprit. En somme, la jeunesse doit nécessairement être
habitée par un esprit jeune. Convient-il dans cette perspective d'analyser ici si la notion de
jeune s’attache uniquement à la jeunesse. Il existe des jeunes vieux et des vieux jeunes. Toute la
différence se trouve dans l'état d'esprit, animateur des différents âges
de l'existence humaine.
Appellerait-on jeunes ceux qui détiennent un esprit limité, restreint, et
stérile face à l’innovation?
Ou appellerait-on jeunes ceux qui, faisant abstention d'âge, ont un esprit
éveillé, innovateur, ouvert?
Les réponses à ces interrogations ne devraient être unanimes, elles entachent une grande part de
subjectivité. Mais, celles les plus appropriées découleront nécessairement d'un esprit jeune
doté de la capacité à entamer une solide réflexion précédée d’une nette compréhension des idées qui
se dégagent à travers ces paragraphes.
La demande du rajeunissement du personnel de
l’administration publique au sein de la société est accrue. Cela implique la
substitution inconditionnelle des cadres ayant un âge avancé par des jeunes. Serait-ce la solution pour
pallier aux problèmes incurables qui sévissent dans la société? Ne serait-ce que pour s'écarter de
toute mystification et de miser sur une posture prophétique, une telle demande ne pourrait être justifiée
et prouvée que par les résultats et les changements qu'apportera cette jeunesse haïtienne. En
outre, la stratégie de la substitution serait difficilement concevable puisque l’administration publique
depuis le démantèlement de la dictature du régime duvaliériste est sous la mainmise de certaines
personnalités politiques qui se considèrent comme étant jeunes depuis lors jusqu’à nos jours.
L’exemple d'une excellente extension de la notion de jeunesse! Malgré tout, l’État n’a jamais été
au service de la société. L'essentiel, c'est de remanier les bases de la société haïtienne.
C’est-à-dire favoriser la restructuration des institutions sociales majeures
telles que la famille,
l'église, l’école, et implanter ou du moins imposer aux jeunes une culture
leur permettant d'endosser
la responsabilité citoyenne. Il faut nécessairement éveiller l’intérêt de
la jeunesse pour la
politique par la cessation des pratiques mauvaises et corruptibles et,
emprunter la voie de
l’intégration des jeunes compétents dans la vie politique nationale
c’est-à-dire les encourager
à participer dans la gestion de la chose publique. L’encadrement de la jeunesse
est une obligation
essentielle et primordiale faute de quoi la jeunesse d’aujourd’hui n'est pas
l’avenir de demain.
En conclusion, il est important, à travers cette
exercice, de vous demander si vous, vous êtes jeunes. Si la réponse est
positive, au lieu de vous plaindre de la précarité de la situation qui frappe
sans cesse à la porte de la
société haïtienne et que tous vos rêves se canalisent vers l’extérieur,
demandez-vous, ce que vous
en tant que jeunes ayant une excellente vision, vous pouvez apporter de bénéfique à votre pays.
Considérez-vous comme étant jeunes si vous en êtes incapables?
Djouve Louis Gérald BATAILLE, STAFF COM-BDN
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