Première à se lever dernière à se coucher, les tâches ménagères leurs sont attribués, elles sont vouées à rester à la maison pour s'occuper des enfants et entretenir la maison, femme au foyer désigne l'un des statuts attribués à une femme au sein du couple. Il correspond à la femme qui réalise la majeure partie des tâches qualifiées de ménagères telles que : l’entretien du logis, les achats de consommation courante, la préparation des repas, la surveillance et l'éducation des enfants. Dans l'ambiguïté de la vie certains estime que c'est leur devoir le plus noble, pour d'autres c'est une inégalité car on estime que ses travaux-là ne sont pas pour les hommes mais pour les femmes, aujourd’hui il est crucial de nous poser certaines questions, est-ce parce qu'elles n'ont pas d'autres occupations ? Est-ce l’un des nombreux stéréotypes qu'elles subissent ? Ou est-ce tout simplement par choix ?
Tout d'abord la place des femmes dans la société tant en public qu'en privé à beaucoup évoluer au cours de l'histoire et en fonction des civilisations. La plupart des mythes et religions voient dans la femme la compagne de l'homme destinée à lui donner des enfants, la place des femmes a longtemps été limitée à la famille et à la vie domestique. Il fut un temps où rester à la maison pour s'occuper de ses enfants était le plus beau métier du monde, aujourd'hui, être mère au foyer est bien plus difficile à assumer si certaines mamans vivent très bien leur statut d'autres au contraire font face à une crise identitaire.
La femme au foyer ne date pas d’hier. Il ne s'agit pas d'une tendance nouvelle, elle est même séculaire. Si les occidentaux s'érigent en pionniers dans la question des droits de la femme il ne faut pas oublier qu'ils ont été ceux qui ont imposé le machisme féroce aux sociétés africaines majoritairement matriarcales. Les survivances de ces tarés occidentales se pérennisent encore dans la culture haïtienne si bien que la décantation homme/femme veut que les hommes aillent travailler tandis que les femmes restent au foyer, ce qui nous prouve une inégalité du genre si bien qu'on pourrait dire qu'elles sont marginalisées
Le statut de la femme a connu une évolution significative au fil du temps. De nombreuses luttes et mouvements féministes ont permis de remettre en question les normes sociales et de revendiquer l'égalité des droits, aujourd'hui les femmes ont davantage de possibilités d'éducation, de carrière et de prise de décision alors pourquoi la société haïtienne perpétue ses traditions en en attribuant à la femme le rôle de bonne ou encore est-ce la femme haïtienne qui se résigne? ou bien manque t- elle de ressources pour échapper à ce cycle infernal qui la marginalise?
Pour répondre à ces questions il nous faut savoir que les femmes haïtiennes n'ont en rien participées à toute cette évolution car elles ont un accès plus limité à l'éducation :58,3%de filles vont à l'école contre 63,8% des garçons (IHSI,2007).
Aujourd'hui beaucoup d'aménagements ont été apportées dans certains pays comme le Canada et des pays de l'Europe pour valoriser le statut de la femme au foyer, elles ont un salaire et une assurance. Elles sont donc femme au foyer par choix et non par résignation, cette décision a nous seulement réduit considérablement le niveau de chômage mais aussi assuré un certain équilibre.
Ni l'égalité des droits ni les possibilités de carrière et de prise de décision n'est accordée à la femme haïtienne, les femmes haïtiennes au foyer non ni salaire ni assurance, en Haïti nous sommes malheureusement très loin de telles avancées.
Les femmes haïtiennes travaillent plus que les hommes " soulève Nathalie Lamaute-Brisson (2015) dans un texte portant sur l'entreprenariat au féminin en Haïti. Et "leur temps est davantage consacré au travail domestique (53%) " précise -t-elle. Elles cumuleraient aussi un temps de travail domestique et marchand qui dépasse celui de leur homologue masculine de plus de 50%, selon certaines estimation partielle cité par cette auteure.
Aussi 71% des femmes haïtienne ne possèdent ni terre ni maison et seulement 20% les possèdent conjointement (FNUAP,2017). Le travail dans la sphère domestique est deux fois plus important pour les femmes que les hommes. Elles consacrent en effet 29% de leurs heures travaillées aux tâches domestique, contre seulement 13% pour les hommes. En 2014 selon rapport du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) intitulé Cadre de développement en Haïti, le revenu moyen du travail était de 5316 gourdes par mois à l'échelle national. Chez les femmes celui était de 60% du revenu des hommes, soit 3855 gourdes par mois pour 6454 gourdes chez les hommes.
Il vrai que l'Etat ne joue pas très bien son rôle dans ce qui est du statut des femmes, elles sont sous payées et elles n'ont pas beaucoup d'accès à l'éducation certaines d'entre elles sont analphabètes ou sont diplômées et chômeuses elles ne possèdent ni bien ni terre.
La précocité des grossesses y est importante. Environ 2% des femmes ont accouché avant l'âge de 15 ans selon L'IHSI (2003), alors que l'âge médian de la première naissance est de 22,4 ans.
Ces indicateurs confirment en quelques sortes la faiblesse de la médecine préventive envers les femmes et les filles. Être mère sans emploi n'arrange en rien la situation, ce qui nous mène à croire que son rôle de femme au foyer est parfois une résignation ou plutôt une étape de la vie, ne possédant pas de ressources elle se trouvent dans la logique qui prime dans la vie est de trouver un compagnon pouvant répondre à tous et elles sont donc obligés de jouer le rôle de Femme au foyer.
Le rôle des femmes dans l'économie haïtienne est en grande partie cantonné dans celui du travail informel ou de service, souvent à l'écart des centres de décision, elles sont aussi en plus grand nombre parmi les personnes les plus économiquement vulnérables. Les jeunes femmes sont en effet affectées de manière disproportionnée par la marginalisation socio-économique, selon le ministère des Affaires sociales et du Travail. Cette marginalisation afflige davantage les femmes cheffes de ménage soit 16,7% de femmes contre 6,9% d'hommes. On constate aussi une disproportion marquée dans le secteur public. L'administration publique compte ainsi 32,9% de femmes contre 67,1% d'hommes. Et les femmes représentent seulement 17% des effectifs dans les tâches de conception et de direction alors que les hommes occupent 83% de ces emplois. Elles occupent 30% des postes de cadres intermédiaires alors que les hommes en occupent 70%. Enfin,32% des agents de la fonction publique disposant d'un métier et 38% des employés ne disposant d'aucune qualification sont des femmes (OMRH,2014).
L'inégalité est présente dans la société haïtienne, leur rôle de mère au foyer est bien plus qu'un choix c'est même une résignation, comment jouer d'autres rôles dans la vie familiale si la société les écarte, les classent? Si au sein des foyers, les responsabilités économiques sont distribuées de manière inéquitable entre les sexes, le pouvoir décisionnel en matière d'affectation et d'utilisation des ressources reste lui aussi très inégale et se déploie au détriment des femmes. Ceci dans un contexte où l'organisation sexuée du social fait en sorte que la société valorise de façon différente le temps et la force de travail des femmes et des hommes. Souvent elles assument seules les charges sociales d'une famille, comme l'alimentation, les soins médicaux, la scolarisation, les naissances etc. Les femmes se retrouvent de fait en grande partie écartées de la construction du commun et des lieux de décision collective.
En conclusion la femme au foyer au premier degré ne concerne pas que les femmes mais toute la société. Ces luttes pour l'égalité devront porter l'égalité économique. Cela va sans dire que cette lutte doit passer par une éducation à l'égalité. Une éducation, dans l'état actuel des choses en Haïti, qui sera majoritairement portée par les femmes. Elles seules pourront vraiment porter les changements pour éradiquer les effets de la femme au foyer au premier degré. Sinon les luttes pour l'égalité ne seront que de grand coup d'épée dans l'eau.
Sabrina Bontemps
Rédactrice BDN
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