À
l'aube de chaque nouvelle année, les aspirations individuelles se renouvellent
avec des perspectives inédites, de nouveaux objectifs, et pour beaucoup, elle
est perçue comme le début d'un nouveau printemps, porteur de douze mois aussi
fructueux que les précédents. En Haïti, le vœu le plus répandu demeure
"Santé, Prospérité, Longévité", cherchant à répandre des ondes
positives parmi les proches au début de l'année. Cependant, au fil des années,
cette tradition a perdu sa signification première. Les tumultes qui ont secoué
Haïti au cours de la dernière décennie, en particulier, ont diminué l'effort de
sensibilisation envers les proches pour la nouvelle année, transformant le
slogan en un simple "Bon combat".
Ce
"combat" est devenu quotidien, car la survie populaire en Haïti est
devenue de plus en plus difficile en raison des problèmes socio-politiques. De
surcroît, l'expansion massive des gangs armés a aggravé la situation,
entraînant une contamination de notre culture. Cette contamination est un fléau
qui affaiblit progressivement notre pays, négligeant nos valeurs fondamentales
et transformant nos coutumes en simples vestiges du passé. Chaque Haïtien
aspire au retour d'Haïti à son ancien paradis, même si cela demeure un défi
constant.
L'expansion
des gangs armés a engendré des conséquences majeures, plongeant le peuple
haïtien dans le stress, la peur de lendemains incertains, et une réflexion
constante sur le destin du pays. Cela a conduit à un sentiment général de
résignation et de désolation, transformant nos coutumes en symboles d'une
époque révolue.
Pour
Haïti, le 1er janvier ne marque pas seulement le début d'une nouvelle année,
mais conserve la mémoire du début d'une ère spéciale pour le pays, notamment
pour la communauté noire. Malheureusement, peu de Haïtiens se rappellent que
chaque 1er janvier est crucial pour Haïti. Malgré le sentiment de désespoir,
les Haïtiens célèbrent symboliquement, souvent par pure tradition ancestrale,
la pratique du "soup joumou" au début de chaque année. Mais combien
se souviennent de l'origine de cette pratique ou comprennent son importance et
sa signification ?
Certains
considèrent cette soupe comme un symbole mystique lié aux lois, d'autres la
voient comme une routine annuelle héritée de leurs ancêtres. Pour certains,
c'est un symbole de fierté, d'honneur et de gloire, un moyen de montrer aux
oppresseurs que les choses ont changé, que les esclaves ne sont plus esclaves,
mais des hommes et des femmes indépendants, maîtres de leur destin.
La
culture est l'âme d'un peuple, et un peuple qui oublie sa culture s'oublie
lui-même et s'éloigne de sa voie. En 1804, notre voie a commencé en tant que
peuple prophète de la liberté, porteur du bien-être commun et symbole de
justice aux yeux du monde entier. Aujourd'hui, de nombreux Haïtiens ont honte
de se déclarer "Haïtiens" en raison de la situation actuelle. Si cela
persiste, un jour viendra où l'hymne national du pays et les dates clés de
l'histoire d'Haïti ne seront que des rappels dans l'histoire universelle, et à
ce moment-là, Haïti pourrait être simplement une "Zone" sur la carte
du monde, dépourvue de beauté, d'éclat, de voie, d'âme et de culture.
Du 1er
janvier 1804 au 1er janvier 2024, soit 220 ans d'indépendance, que ferons-nous
? Continuerons-nous dans la résignation ou nous efforcerons-nous de lutter pour
sauvegarder la dignité d'une terre pour laquelle notre sang a été versé ?
Le
Club de Débat de Bourdon souhaite à chaque Haïtien une Heureuse Année 2024 et
encourage à persévérer dans la lutte pour préserver la fierté d'Haïti.
CHRISTLANDE
HORACE (BDN)


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