vendredi 22 décembre 2023

Mondialisation et Souveraineté.

 





Cet article aborde la question de la mondialisation et de la souveraineté au regard de la migration qui a été depuis l’antiquité un phénomène important. Il relate dans un premier temps, l’évolution et les manifestations de la mondialisation qui est fréquemment présentée comme étant un processus territorial dans l’histoire actuelle des relations entre les États basée sur la précarité de la situation et la qualité Parallèlement, il contient une analyse similaire en ce qui a trait au concept de Souveraineté expliqué premièrement, dans une perspective d’autonomie et dans un second temps, dans une perspective indépendante. Dans cet ordre d’idée, deux questions se posent au cœur de ce travail, à savoir : est-ce que la mondialisation créée une interdépendance majeure entre les États? Et, Dans un second temps, est-ce qu’il existe si oui ou non à l’heure actuelle, un domaine de l’État qui n’a pas été touché par la mondialisation.



Mots clés : Mondialisation, globalisation, Souveraineté


 

Historique De La Mondialisation


Pour certains historiens et géographes, la mondialisation est naturelle chez l’être humain car durant l’histoire ce phénomène à fait son cours partout dans le monde, notamment grâce aux conquêtes militaires et les explorations. Marquée par une tendance à échanger entre les peuples depuis l’Antiquité, les différentes civilisations ont ainsi développé des routes commerciales, les échanges entre les cultures avaient déjà commencé et on pouvait constater les phénomènes migratoires qui ont fortement contribués aux échanges entre les populations. Au lendemain de la découverte de l’Amérique en pleine croissance transatlantique, la Mondialisation commence à voir le jour. En effet, avec une accélération considérable lors du XIXème siècle, marqué dans un premier temps, par une élévation vers les années 1880 et 1914 sous l’influence des grandes puissances Européennes dont le rayonnement se rapporte à l’ensemble de la planète terre. Ébranlée dans un second temps, par la seconde guerre mondiale, la mondialisation s’effondre dans les années 1930, qui marquent le triomphe des stratégies de recul et d’enfermement. Cependant, cette dernière sera relancée par les États-Unis après la seconde guerre et connaîtra à la fin du XIXème siècle une accélération majeure.

Souvent présenté comme un processus visant à nier les spécificités territoriales et comme un mouvement que l’on ne peut renverser, la mondialisation est aujourd’hui une donnée essentielle marquante de l’histoire actuelle des relations internationales. Aussi, elle est présente à ce fait, non seulement dans le temps mais également, dans l’espace. Néanmoins, bien qu’elle soit actuellement inachevée en raison de vaste espaces non intégrées dans le marché national, la mondialisation est actuellement, un phénomène complexe qui suscite tantôt; des idées controversées et tantôt de veilles protestations. De ce fait, à partir des années 1960 et 1970, on constate l’accélération de la mondialisation avec l’ouverture des économies mondiales et le développement des politiques de libre-échange.



Mondialisation et souveraineté


Le terme mondialisation désigne l’expansion et l’harmonisation des liens d’interdépendances entre ; les nations, les activités humaines et les systèmes politiques à l’échelle mondiale. Parue au début des années 1980, la mondialisation trouve ses bases dans le cadre de travaux géopolitiques et économiques. Dès lors, elle soutire sa définition dans l’accroissement des mouvements de biens et de services, de main-d’œuvre, de technologie et de transferts et échanges internationaux. Il s’agit plus précisément de l’interpénétration des phénomènes divers résultants d’une situation d’interdépendance entre les différentes composantes de la société Internationale. À cet effet, elle ne peut être perçue simplement comme une situation de tendance exclusivement économique qui s’intéresse au simple fait des modalités du système marchand et à la production de biens et de services car, elle concerne des domaines hautement variés tels que ; la culture, les valeurs, l’information, la technologie, l’environnement, la politique, le droit...

Toutefois, pour exprimer les mêmes réalités et les mêmes idées à savoir, l’essor des nouvelles technologies de l’information, l’éclatement des échanges entre les nations et les marchés financiers... la terminologie anglo-saxonne retient le terme de la «globalisation »[1] . C’est pourquoi, qu’on utilise l’expression de mondialisation ou celle de globalisation, les deux tendent vers une perspective de description du processus qui va bel et bien dans le sens du dépassement des frontières.

C’est donc dans un tel contexte, que la mondialisation prend chaque jour une ampleur considérable qu’est la nécessité d’étudier, d’analyser et de comprendre la problématique de la souveraineté des États et l’interdépendance de ces dernières faces à l’accroissement de la mondialisation doit être posée.



En ce qui a trait au concept de souveraineté, ce dernier trouve ses origines dans le moyen âge, vers le milieu du XIIème siècle (au bénéfice de la monarchie contre les féodaux). Elle s’est par la suite précisée au XVIème siècle et au XVIème siècle en rapport direct avec l’apparition et la consolidation de l’Etat (Pris au sens propre et moderne du mot). Un tel concept étendu comme pouvoir ou puissance de l’État permet de présenter la norme prescrite par le souverain comme la première, l’initiale qui n’en résulte d’aucune autre puissance supérieure et énonce à cet effet, l’idée d’un pouvoir de commandement autonome. En outre, la souveraineté peut désigner selon Jean Bodin, le pouvoir de l’Etat, la capacité que possède ce dernier pour déterminer lui-même sans être soumis à un pouvoir supérieur ou extérieur. Par conséquent, elle peut se manifester de deux manières. Premièrement, dans une perspective d’autonomie c’est à dire, dans le sens que l’État est seul souverain sur ses membres et sur son territoire et ne peut donc être soumis devant une instance supérieure. Deuxièmement, dans une démarche indépendante, à savoir la primauté de la relation d’égalité entre les États la scène Internationale.

Avec l’apparition du phénomène de mondialisation qui installe une interdépendance entre les États, la question de la souveraineté est mise en cause. Et, face au relancement du nouvel ordre mondial actuel les interrogations et les réflexions sur la notion de la « souveraineté des États » est au centre des débats. Ce qui nous amène aujourd’hui, à nous interroger, nous questionner sur l’influence de la mondialisation au regard de la souveraineté des États. Ce faisant, notre travail s’articulera en deux (2) points clés:

Dans un premier temps, que peut-on comprendre de la souveraineté des États, dans une époque où la mondialisation créée une interdépendance majeure entre les États? Dans un second temps, nous analyserons si oui ou non il existe à l’heure actuelle, un domaine de l’État qui n’a pas été touché par la mondialisation.



À la première question, il existe une pluralité de réponses tant la mondialisation joue un rôle prépondérant qui affecte plusieurs domaines. En effet, avec l’élan de de la mondialisation on remet en cause le principe du libre choix de chacun dans la limite des droits et des obligations mutuellement reconnus par tous. Aussi, on constate de plus en plus une limitation de la capacité de l’État pour satisfaire certaines demandes sociales. Avec la mondialisation on assiste de nos jours, à une uniformisation basée sur le modèle de la culture occidentale qui, renforcée par la mondialisation et par les nouvelles technologies de l’information et de la communication des pays du Nord et des institutions internationales à exercer sur les pays du Sud une pression politique, économique et culturelle pour défendre la thèse de l’affaiblissement de la souveraineté des États. Par ce fait, la mondialisation devient une forme universelle d’État, tout en exacerbant le besoin du local et du national.

De plus, face à une économie mondialisée, les États ont la possibilité de se côtoyer dans leurs relations commerciales mais également géopolitiques. Depuis, la seconde moitié du XIXème siècle, ils ont créé des institutions internationales afin d’unir leurs forces pour faire face aux problèmes universels. Ces institutions étant variées : elles agissent chacune dans un domaine précis. Nonobstant, par les règles qu’elles imposent aux États, ces institutions internationales semblent faire obstacle à la souveraineté des États si l’on se réfère à la définition précise de la souveraineté énoncée par Jean Bodin.[2]

Un autre exemple qui appuie l’idée que les institutions internationales empêchent ou limitent la souveraineté des États est le fait que, certains États, sont soumis à des contrôles de comportement qui limitent leurs compétences car, ces derniers, veulent veiller au bien-être et à la prospérité de leur peuple au niveau mondial.

Ce processus transfrontalier et transnational, qu’est la mondialisation modifie considérablement le schéma de la souveraineté et suscite une remise en cause de cette dernière.


Les deux guerres mondiales ont contribué de façon significative dans la transformation des relations internationales. Ainsi, Les États sont devenus interdépendants et ont développé des rapports de coopération entre eux et avec les organisations internationales, ce qui a entraîné une institutionnalisation de la politique internationale. En effet, à une ère où le système démocratique tend à devenir un système universel et une norme de droit International public les États, composantes principales de la société Internationale se voient imposer une limite à leur souveraineté et une soustraction de certaines libertés de bases. Et, sont par conséquent, soumis aux prérogatives du droit International. Pour justifier la nature de la souveraineté des États par rapport au poids de la mondialisation dans les relations internationales il faut prendre en considération dans un premier temps, sur le plan économique, la tendance à l’universalisation du système de l’économie libérale. Dans un second temps, la tendance à l’uniformisation des idéaux et des valeurs occidentales au détriment de la spécificité culturelle de chaque État. Il y a donc une multiple interdépendance croissante ; avec la mondialisation aucun État ne peut être totalement souverain parce que, les institutions internationales ont tendance à trop s’interférer dans les politiques nationales. Tout bien considéré, les impératifs du phénomène d’interdépendance croissante entre les États font de la souveraineté une notion en crise et en profonde mutation. Pour la majeure partie des États de la planète, la notion de souveraineté se voit de jour en jour perdre son essence et, par cela, ne constitue plus ce qu’elle était ou ce qui faisait son contenu tant qu’elle est aujourd’hui confrontée à de nouveaux défis.




À dire vrai, il n’est guère de domaine relevant de la compétence des États, qui ne soit, plus ou moins touché par l’application des normes universelles. En effet, que ce soit ; l’économie, le social, la culture, la politique, le Juridique... tous ont été affectés à des degrés différents par le processus de la mondialisation. Les États de nos jours, sont confrontés à l’incapacité de contrôler leurs économies et leurs monnaies. D’autant plus que, les modes de régulation traditionnelle ne soit plus optimale et que le droit interne n’a plus les mêmes capacités pour assurer la fonction pour laquelle il a été érigé. L’État fait donc l’objet d’une redéfinition restrictive et réductrice de son rôle et de ses pouvoirs. Sa capacité de régulation de l’économie, de l’information, de la communication tout comme sa souveraineté monétaire et son unité sociologique et culturelle s’en sont trouvés amoindries et vides. Dès lors, le phénomène de la mondialisation menace de remettre en question les fonctions classiques de l’État dans le cadre de l’exercice de sa souveraineté. On constate également, avec la mondialisation la fin du national dans le domaine économique. Par conséquent, on ne parle plus d’économie internationale dans le sens classique du terme, il convient dès lors, l’utilisation du terme économie mondiale ou globale. Ce faisant, on assiste à une valorisation de l’espace économique national comme cadre de référence stratégique prioritaire.

D’autre en plus, avec l’écoulement des pays socialistes, basés sur un modèle de planification et d’organisation de l’économie, il y a une croissance importante du rôle du droit International économique générale. À ce stade, il n’existe plus qu’un seul modèle économique dominant Aussi la souveraineté s’est également érodée par le dessus, à la fois par le nombre croissant de traités et réseaux internationaux, qui forcent les États à explicitement reconnaître les pouvoirs au-dessus d’eux-mêmes (comme c’est le cas des États membres de l’Union Européenne, ou de ceux qui ont ratifiés la Cour Internationale Criminelle). Avec la mondialisation, l’État n’est plus un « tout » comme veulent bien le prétendre les souverainistes traditionnels, mais seulement une « partie », et est forcé de négocier son propre rôle et son propre pouvoir avec d’autres « parties » sous la forme d’une gouvernance multi-acteurs et multi-niveaux.




Conclusion


Au terme de cette analyse relative au sujet des manifestations de l’atteinte à la souveraineté des États conséquemment au phénomène grandissant de jour en jour qu’est la mondialisation, il est tout à fait normal de conclure que cette dernière perturbe énormément l’ensemble des fonctions de l’État, voire sa légitimité même, tout en conduisant à une réduction progressive des domaines relevant de la compétence exclusive de l’État.

S’il fut un temps où les Etats conservaient encore leur souveraineté, ne serait-ce que par l’instauration de frontières, il semble aujourd’hui que le marché s’y substitue, s’insérant jusque dans le domaine de la loi et des instances régaliennes. La souveraineté de l’État a donc changé et a connu une érosion du fait de la croissance des pouvoirs locaux et régionaux, qui se plaignent, négocient et souvent conquièrent sur le terrain leur propre autonomie.

Somme toute, il est clair que, la souveraineté s’est également érodée par le dessus, à la fois par le nombre croissant de traités réseaux internationaux, qui forcent les États à explicitement reconnaître les pouvoirs au-dessus d’eux-mêmes (comme c’est le cas des États membres de l’Union Européenne, ou de ceux qui ont ratifiés la Cour Internationale Criminelle). À ce stade, il est crucial pour nous de poser la question suivante : quel avenir pour les États souverains face à l’émancipation graduelle que connaît la mondialisation ?

 



 



[1] Au sens économique, la globalisation est le processus d'internationalisation des transactions industrielles, commerciales, financières. Il est lié à la libéralisation des échanges et à leur intensification.

 

 


[2] Jean Bodin : Jurisconsulte, philosophe et économiste, précurseur de la pensée en matière de souveraineté, auteur des « six livres de la République » publié en 1576






Bibliographie et Sitographie



La souveraineté à l’heure de la Mondialisation, Michel VENNE.



https://géopolitique.fr/ Mondialisation et la Souveraineté.



Globalisation et souveraineté des États, Luis Miguel Hinofosa Martinez (Professeur titulaire de Droit International Public et de Relations Internationales à l’Université de Granada).



 Schlosser, O. (2015). Les défis de la souveraineté dans un contexte de mondialisation économique et de réflexivité juridique. Raisons politiques, (57), 31-48.



Création du monde ou la Mondialisation, Nancy JEAN LUC, Paris, éditions Galilée, 2002, p.9.



Souveraineté de l’État et puissance de l’État, Boris Barraud, Docteur en droit.



www.Docdujuriste.fr



www.Cours-de.droit-net.fr



 

 

Cynthia MAXI, Staff Communication BDN




 

 

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