mardi 7 novembre 2023

Les jeunes du club de débat de Bourdon commémorent la journée des Droits de l'Homme


UNESCO, UNFPA et le haut-commissariat pour les Droits Humains

Hotel Karibe, 10 décembre 2021


Le 10 décembre est la journée consacrée par les Nations Unis pour la défense des Droits de l'Homme. Car la défense aujourd'hui est plus qu'une nécessité. Partout à travers le monde les violations des Droits de l'Homme sont de plus en plus flagrantes. Entre restriction de la liberté de la presse au non-respect du droit à la vie la situation est grave. Chez nous la situation n'est guère différente, au contraire la situation s'empire de jour en jour. Le respect du droit à la vie, à la liberté de circulation, au logement, à la santé, à la sécurité…. sont de plus en plus menacés chez nous, l'exode massif des haïtiens vers d'autres cieux est plus intense que jamais. L’avenir est partout, sauf ici.


C’est dans ce contexte de désespoir que les jeunes du club de débat de Bourdon ont participé à la commémoration de la journée internationale des Droits de l’Homme. Cérémonie de commémoration qui a eu lieu ce jeudi 10 décembre 2021 à Karibe Convention Center de 10h AM à 2h PM, autour du thème “Personne d’ascendance africaine reconnaissance, justice et développement” à l'occasion de la décennie internationale Personne d’ascendance africaine.           


Cette commémoration est un devoir de mémoire, particulièrement pour les jeunes du club de se connecter à leur origine, puiser à leur source pour mieux s’affirmer en tant qu'être humain.


C’est dans ce contexte que les jeunes du club de débat de Bourdon ont été invités à participer à cette commémoration par Gary Lubin, fondateur de la fondation Tamise. 19 jeunes ont répondu à l'appel dont 4 garçons pour 15 filles. 


A travers les discours des différents intervenants et la conférence de Laënnec Hurbon, l'accent a été mis sur la nécessité de mettre en valeur notre culture afin de prôner l'égalité et de lutter pour l'humanité en générale. 


C'était un bon moment pour les jeunes de réfléchir et d’apprendre plus sur la nécessité de reconnaître l’apport d'Haïti dans le processus du respect des droits humains dans le monde, tant par notre révolution que par notre littérature. La nécessite aussi, d'établir une société plus juste tant sur le plan social que sur le plan économique et de favoriser le développement endogène. 


Cette participation a été une réussite. Cela a été un bon moment pour les jeunes de changer d’espace et de rencontrer des acteurs qui évoluent même dans la protection et la défense des droits de l’homme au niveau international. Pour changer les choses, ils doivent comprendre que tous les humains sont égaux, et contribuer à la reconnaissance, la justice et le développement des personnes d'ascendance africaine dans le respect des droits de l’homme.


Bravo à mon collègue Alfred DÉSIR, sans quoi cette participation ne sera pas possible ! Et au coordinateur général du programme de débat de FOKAL, nous disons merci pour son soutien infaillible.


 


 Joël LAZARD

Les institutions indépendantes haïtiennes expliquées aux jeunes de Bourdon


La Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif (CSC/CA)

Le changement tant souhaité en Haïti, passe avant tout par des citoyens consciencieux, honnêtes et impliqués dans les affaires de l'État. Pour s'impliquer et participer activement dans la prise de décision en tant que citoyen, il faut connaître les institutions, leurs missions dans l'établissement et la pérennisation de la démocratie.

Une institution indépendante est une institution publique ce qui signifie que celle-ci n’est soumise ni au pouvoir hiérarchique, ni au pouvoir de tutelle. Elle ne doit pas recevoir d'ordre ou d'instructions des autorités du pouvoir exécutif et du pouvoir législatif. Ses décisions ne peuvent pas être annulées, ni réformées par les autorités administratives et/ou politiques. Mais elles peuvent faire l'objet de recours devant le juge.

L'éducation à la citoyenneté d'un individu, c'est aussi l'aider à comprendre les institutions de son pays, leurs apports dans la stabilité de la société. 

La Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif (CSCCA) est l'une des institutions indépendantes d'Haïti qui joue un rôle important dans la gestion des biens publics et favorise chez nos dirigeants la transparence et les redditions de comptes.

C'est dans cet optique qu'une causerie a été réalisé à l'intention des jeunes du club par l'assistant coordonnateur de la CSCCA Mario FORTÉUS, le samedi 11 décembre 2021, au centre culturel Pyepoudre que le club s'est réuni aux heures habituelles autour du rôle, de la mission et du statut des juges de la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif.

L'objectif de cette activité était de faire le point sur la responsabilité de la CSC/CA en tant que juridiction financière et administrative dans les dérives financières que connaît le pays.

Les échanges entre les jeunes et M. Mario ont été très animées, beaucoup de questions sur les fonds de petrocaribe, sur les arrêtés de quitus et de débets (décharges des ordonnateurs et comptables de deniers de l'Etat) les contrats inachevés signés par l'Etat, sur les différents scandales de corruption qui secoue le pays à chaque fois.

Plus d'une vingtaine de jeunes dont 6 garçons et 19 filles ont été présents pour participer à cette dernière activité du club pour l'année 2021.

Cette dernière causerie pour l'année a été l'opportunité pour eux d'apprendre plus sur cette institution combien importante, le tout dans un atmosphère de convivialité.


REACTION DE QUELQUES JEUNES :

Rodjah Christie Maddy : "L'activité de ce samedi était... intéressante, à vrai dire je ne savais pas à quoi m'attendre, et j'étais surprise, de manière positive, le monsieur était très honnête et cela m'a plu.

Est-ce que j'ai appris ? En gros oui, je ne savais pas, samedi matin, ce que CSCCA voulait dire, ainsi que sa mission et me voilà. L'ambiance était très bien, mais l'intervention à été de courte durée selon moi. Je n’ai rien de négatif a dire, si ce n'est que j'aurais aimé que ça dure plus longtemps."

 Widna Fortuné : "L'activité sur la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif était vraiment intéressante. De très bonnes questions ont été posées et les commentaires étaient vraiment pertinents. Nous avons beaucoup appris sur le rôle de cette institution publique et nous nous sommes entretenus sur les raisons qui rendent son travail pas trop satisfaisant. J'ai adoré et j'espère qu'on aura l'occasion de participer à d'autres interventions concernant les autres institutions au service de la population."

Cette activité a été une réussite. Et les jeunes ont compris le rôle que doit jouer cette cour pour garder l'équilibre, et le travail du citoyen pour favoriser le changement. Je crois fermement que l'année 2022 sera bien meilleure que cette année, plus intéressante, plus grandiose avec plus d'activités pouvant contribuer au plein épanouissement des jeunes.

Bravo à mon collègue Alfred DÉSIR, sans quoi cette activité ne sera pas possible. Et aussi merci au coordonnateur général du programme pour son soutien sans faille dans la réussite de cette activité et de toutes nos activités au cours de cette année.

Joël LAZARD

Email : lazard.joel@yahoo.fr




Comment comprendre, à un certain niveau, l'innocence des civils armés des quartiers populaires, dénommés bandit



5 mns de lecture:

Bandits est une forme de personnalité très présente dans la société haïtienne depuis quelques années. De jours en jours, les troupes de bandits s'amplifient tout comme l'inquiétude des civils face à la montée excessive du phénomène de la violence. Pour certains , ce fléau est une résultante politique liée à la complicité de l'international, les armements, dont ils sont responsables. Mais de par cette allégation, ne serait-il pas également une dérive engendrée par la société elle-même, porté sur l'absence du sentiment d'appartenance social chez une catégorie de personnes exclues? N'aurait-il pas d'autres éléments déclencheurs ayant rapport à la vie sociale des individus? D'où la possibilité de jeter un coup d'œil sur le phénomène du banditisme, autrement qu'avant, il est impérieux d'aller analyser certains facteurs externes qui affectent le comportement d'un groupe de gens, vu comme des déviants (I). Et de regarder s'ils ne sont pas aussi victimes à un certain niveau (II).

 

I.- APPROCHES EXOGÈNES DÉTERMINANT LE BANDITISME:

Nul ne fait le mal volontairement, affirme Socrate. De par ce constat, il paraît légitime de parler des bandits en Haïti sur d'autres aspects. La violence n'est pas seulement liée à la quantité d'armes à feu en circulation sur le territoire national (A), elle résulte également d'un ensemble de faits sociaux ignorés(B).

 

A.- Situation critique des gens au sein des quartiers populaires:

Depuis des décennies, la population haïtienne se trouve en péril face à un système d'insécurité qui sévit sur tout le territoire national manifesté sur plusieurs formes: enlèvements, assassinats, vol, viol et autres... Mais face à ce fléau, on accuse souvent un groupe de personnes venant des quartiers dénommés zones de non-droits, habités majoritairement par des citoyens non éduqués, sans emploi, sans sou. Ces gens-là sont souvent sujets d'un ensemble de préjudices liés à leur zone de provenance, dits que quelqu'un est habité à Cité Soleil, Bel'Air, Martissant et à Village de Dieu c'est de le nommer bandit automatiquement. Cette qualification discriminante, parfois, sert de mobile à ces catégories de gens pour pouvoir se rendre conforme à ces déclarations conjecturales. Nonobstant, certains jeunes font la différence vis-à-vis de ces propos et s'exposent en pleine scène, dignement tant en Haïti qu'au milieu extérieur. Mais ça n'empêche que d'autres gens de cette même couche sociale se laissent emporter par les méandres de la vie d'ici comme le vent remporte les fatras de la nature à la mer, et finissent par se sentir rejeter du tissu social, par le fait qu'ils ont été éloignés de la jouissance de toute privilège de la société et des droits fondamentaux qui leur sont inhérents. Les quartiers populaires dits "ghetto" n'ont pas d'établissements scolaires adéquats, les élèves reçoivent une éducation au rabais, pas assez d'écoles professionnelles, ils sont livrés à eux même. Ils entendent parler de l'Etat seulement à la radio et remarquent sa présence lors des élections et avec les multiples opérations policières menées à l'enceinte des bidonvilles. Comme ça la vie en communauté s'estompe progressivement, certains sont des nantis et d'autres des démunis aux yeux d'un seul État qui serait là pour défendre et garantir l'intérêt collectif. D'une part, une frustration féroce est créée de façon automatique chez les gens des quartiers défavorisés contre ses semblables. Au lieu de voir les dirigeants comme le monstre, ce sont ceux qui ne partagent la même condition de vie qu'eux-mêmes qui représentent la principale cible. Et à ce moment ils se trouvent entre l'enclume et le marteau d'où le seul recours c'est de venger leur sort face à la société pour dégager leur rancune, nourrie par le mépris social. Sur ce fait, les hommes politiques dans leur pratique perverse leur confèrent une légitimité gratuite dans leurs actes, pour les aider à gérer leurs campagnes. Ils portent le nom de "Commandant; général; chef" et passent pour les plus respectueux de la zone, inconsciemment les autres jeunes qui partageaient la même condition de vie que ceux qui deviennent bandits, les rejoignent tout comme les poussins poursuivent la poule.

 

B.- Les bandits sont aussi victimes du banditisme:                                                      

La majorité des cas de crime causés par certains des bandits sont incités par des substances psycho-actives pour ne pas avoir toute leur lucidité au moment de la commission du crime. De l'héroïne, de la cocaïne, de la marijuana sont parmi des substances souvent consommées par les bandits, si on fait confiance aux dires d'un ancien membre de gang opéré à cité-soleil, rendus à Ayibopost, et ce n'est pas un secret pour personne qui suit attentivement le comportement des gens violents et agressifs, qui consomment sans de la drogue. De nombreuses études ont été menées pour montrer que la consommation abusive de la drogue mène à la délinquance, en France une recherche conduite par Kensey et Cirba en 1980 démontre que 10,7 % des personnes incarcérées ont consommé une drogue au moins deux fois par mois dans les trois derniers mois qui ont précédé leur incarcération, voire Haïti d'où il y a aucun contrôle sur ce phénomène. Il n'y a pas que les substances nocives pouvant pousser à endommager les biens et les vies, les musiques faisant promotion pour la violence sont des pierres angulaires dans l'instauration de la violence dans la société puisque les artistes donnent déjà un caractère légitime à ces actes. C'est dans la psychologie humaine d'extérioriser, de matérialiser ce que l'esprit consomme, c'est ce qu'on appelle en psychologie le catharsis. Avec les messages portés dans les clips musicaux, le phénomène de la violence intensifie, surtout au niveau des quartiers populaires où il n'y pas des mesures restrictives appropriées à l'écoute des musiques qui incitent la violence et certaines fois qui se moquent du genre féminin.

Les bandits sont devenus esclaves de leurs propres actions posées, quand ils deviennent reconnus par la majorité de la population, ils sont obligés de restreindre leur liberté tout seuls comme ils faisaient avant aux autres citoyens, qui ne pouvaient pas circuler librement dans le souci de ne pas se faire enlever, violer, voler par les gangs qui ont diverses méthodes opératoires. Ils se sont privés d'un droit qu'ils nous ont privé également, ils aimeraient aller à Champs de Mars en plein jour pour admirer les statues des héros de l'indépendance sur les places, de monter dans les hauteurs de Pétion-ville, accompagnés des amis pour aller palabrer sur la place de Saint-Pierre, d'aller au restaurant, visiter de nouveaux endroits. Mais hélas, ils sont limités non seulement par la clameur publique et les forces de l'ordre, mais également par d'autres troupes de bandits qui opèrent dans les quartiers avoisinants qui veulent les tuer.

 

L'homme est le produit de son milieu et est appelé à vivre éternellement dans un environnement grégaire. Si les gens des quartiers populaires sont devenus aujourd'hui des hommes dangereux c'est parce qu'on les a construits pour en devenir, déjà à leur enfance ils symbolisent l'innocence. Ces déviants étaient à leur très jeune âge le chouchou de leurs parents, de leurs voisins, de la communauté, avant de se faire armé illégalement l'avenir du pays était reposé sur eux, les plus âgés croyaient en eux même si aucun itinéraire n'a été tracé. Ça fait des années, on a pourchassé, arrêté et  même parfois, certains des bandits ont trouvé la mort sur le champ de bataille, et on a compté beaucoup de cas pareils pendant ces deux dernières décennies et malgré ça le maudit arbre continue à donner fruits. Alors on aurait raison de déduire que la bataille ne devrait pas mener contre les bandits mais le système établi. Le système établi c'est l'existence de l'État qui n'est pas au service de la société, le système c'est la conception sociale exclusive, le champ libre pour le mercantilisme impitoyable, sans conscience. Un nouvel État avec une nouvelle jeunesse consciente doit surgir pour mettre fin à ce fléau, car la solution implique la participation de tout le monde, or déjà nous en sommes tous victimes du système, en l'occurrence du banditisme.                      

 

 

 

Nous ne saurions penser que le sujet a été totalement analysé sur cet angle, relatif à l'absence du sentiment d'appartenance sociale chez les gens des quartiers populaires qui sont souvent mal vus et qui causent d'ennuis aux autres citoyens. Comme se veut croire la logique, la science c'est la participation et on est en droit d'avoir cru apporter notre pierre dans la construction d'un champ de savoir rigoureux et d'encourager les autres à émettre des réflexions sur des sujets multiples et d'intérêt général.

 

À noter que ce texte a subi une légère modification en vue d'améliorer sa pertinence.

 

Écrit par : Jean Fadens CHERON

                   Étudiant en Droit, lecteur.

                      STAFF COM-BDN



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